BRUXELLES, 5, 6, 7 ET 8 OCTOBRE
Compte rendu puis photos
Gérard Gâcon
L’AABM a l’itinérance dans les gènes, et pour sa quatorzième année consécutive sa délégation officielle, ne reculant devant rien, est allée jusqu’à se transporter en terre étrangère… (C’était la deuxième fois, après Genève en 2016.)
Ce fut pour cette année 2018 la destination de Bruxelles, choix démocratiquement voté par le Bureau lors d’une de ses réunions. Motif officiel de la pérégrination : la collaboration étroite et suivie et l’amitié réelle qui ont lié Benoît Malon à César de Paepe, éminente figure du socialisme belge s’il en est.
C’est forte de ce motif aussi noble que culturellement engagé qu’une petite vingtaine de participants se sont retrouvés (ou s’est retrouvée) à la gare du Midi (à midi justement) le vendredi 5 octobre sous un soleil radieux qui leur (lui) a fait la grâce de se maintenir jusqu’au terme du séjour (ou quasi, et ce malgré la fausse annonce (fake news météorologique…) d’un dimanche d’averses qui s’est transformé en douceur indienne…)
Une fois réalisée l’initiation aux arcanes de la carte de transport MOBIB rechargeable, Martine, Danièle, Marie-Claude, Marie-Édith, Colette, Mireille, Anne-Marie, Geneviève, Janine, Georges, Claude, Jacques, Daniel, Hervé, Gérard et Gérard ont franchi les fourches caudines du tram-métro, direction la station Rogier. Puis ce fut un dépôt de bagages au Sleep Well Youth Hostel (auberge de jeunesse à l’appellation de jouvence bienvenue et rassurante pour une cohorte de retraités et au nom prometteur de « bon dodo » pour qui s’était levé à cinq heures du matin). C’est là que nous attendait Valérie, judicieuse initiatrice de cet hébergement vingt étoiles sur Trip Advisor…
La colonne s’est ébranlée, objectif Institut Émile Vandervelde (le Jaurès belge), sis au siège du P.S. belge francophone qu’avaient déjà rejoint Sylvie et Jean-François, fidèles compléments de notre délégation forézienne.
C’est Jean Lefèvre qui était à l’accueil, ainsi que Fabienne Ben Mohar, gardiens chaleureux autant que généreux des trésors d’archives du lieu. Trois heures ou presque ne suffirent pas à tout explorer, mais l’essentiel nous fut découvert, à commencer par les documents préparés par Arlette Musick qui, bien qu’absente cet après-midi-là, avait eu à cœur de nous réserver quelques découvertes fascinantes : y apparaissaient entre autre autres Benoît Malon en personne et son ami César de Paepe, soit sous forme de portraits soit par écrit de correspondance (ou notamment le cours de médecine entièrement calligraphié de César de Paepe…)
Des articles de journaux, des revues ont été ainsi extraits juste pour nous d’une collection qui comporte 50 000 livres, 15 000 titres de périodiques et 12 000 brochures, sans compter les archives du P.S. stockées dans leur « compactus », les affiches du premier étage ainsi que les archives belges restituées par le K.G.B….
Nous avons donc pu découvrir un centre de recherches idéal servi avec efficacité et conviction par des personnes que nous remercions avec effusion et qui méritent tous les soutiens possibles.
Il n’était que temps après cette fructueuse visite de rentrer pour prendre possession des lieux de résidence où un repas nous attendait pour 19 heures.
Sustentés et dispos, dûment remis de leurs épreuves de la veille, les organismes étaient au rendez-vous de dix heures le samedi 6 au matin, prêts à retrouver la cravate jade du guide de l’office de tourisme, Marc de Paepe, dont le seul nom ne pouvait que confirmer une logique dans la continuité de ce voyage… Les deux heures prévues s’étant étalées sur trois le groupe a amplement pu s’initier à la culture du spéculoos, de son inventeur, Dandoy, des pralines Neuhaus, maison fondée par l’italien Casanova, soucieux d’intégration linguistique, à celle du pain à la grecque, celle de la maroquinerie de luxe Delvaux, mais aussi à Sainte Gudule, Victor Horta, Delacre (pharmacien-chocolatier), Godefroy de Bouillon et, évidemment au Manneken pis, incontournable objet d’un tourisme de masse exacerbé (mais sous son costume du jour l’objet peut bien susciter une certaine curiosité…), avant toutefois, pour finir, Victor Hugo, Marx et Engels sur la Grand Place, restaurée avec ses 500 kilos de feuille d’or.
La liste est loin d’être exhaustive, tant notre guide était disert, précis et plein d’humour (belgitude oblige !).
Les corps étant sur-sollicités, la pause moules-frites fut de rigueur, et s’imposa au hasard d’un carrefour ; elle fut suivie par une visite du Centre belge de la bande dessinée sis dans un ancien magasin signé Horta et juste en face d’un immeuble qui sur son fronton arborait : « La Presse socialiste coopérative », dénomination malonienne s’il en est. Dans ce temple se trouvait tout ce qu’on pouvait désirer sur l’art de la B.D. : son histoire, ses processus de création, ses genres, plus deux grandes expos, l’une consacrée à la série franco-québécoise, Magasin Général, l’autre à la dessinatrice Catel, spécialiste entre autres d’Olympe de Gouge, de Kiki de Montmartre, Benoît Groult ou Joséphine Baker.
Après passage en boutique, ce fut soirée plateau-repas au Sleep Well, et pour d’aucuns retour à la Grand Place, aussi illuminée que bondée.
Le dimanche matin 7 vit la troupe braver la fraîcheur grise pour arpenter les jardins du palais royal en attendant l’ouverture du musée des Beaux Arts (à 11 h….) pour découverte, ou approfondissement, du surréalisme belge par l’intermédiaire de son icône René Magritte, exposition répartie sur trois étages en clair obscur d’où les toiles les plus célèbres avaient été prélevées pour un musée californien…
La suite du programme (organisé comme d’habitude maintenant et de main de maîtresse par Martine, secondée dans la tâche par Daniel) prévoyait une rencontre avec Bernard Dandois (orthographe différente du maître és-spéculoos), historien spécialiste entre autres de César de Paepe et généreux donateur à l’association de son ouvrage, Entre Marx et Bakounine, César de Paepe, (Maspero, 1974), et de la correspondance dactylographiée de Malon et de Paepe. C’est d’ailleurs lui qui s’était spontanément proposé pour cette visite. La jonction s’étant faite place des Sablons, ce fut tout d’abord la quête d’un lieu de restauration des esprits, concrétisée au café Leffe que nous a ouvert une patronne lyonnaise compatissante. Ensuite de quoi, Bernard Dandois, avec Geneviève, son épouse, nous a menés sur les traces de Marx, alors maçon constructeur de la galerie, sur celles de Vallès en exil, pour terminer sur la place des Martyrs, sa statue de Frédéric de Mérode et son monument commémoratif de 1830. Nous avons également tout appris sur Buonarroti dont s’occupe activement notre guide, en suite de quoi certains ont visité les béguinages et le canal frontière de Molenbeek.
Pour clore ces journées riches en découvertes intellectuelles et en marche à pied, Martine avait réservé le restaurant O Brussels où nous avons pu apprendre que la lotte était un poisson et découvrir que le patron normand n’était pas dépourvu d’humour belge.
Tout ayant une fin (même les rapports dits moraux), c’est le lundi 8 au matin que la quasi-totalité du groupe a rallié le TGV de retour, au soleil toujours. Pendant notre séjour, une pensée s’est adressée aux absents qui nous avaient accompagnés sur d’autres terrains : nous leur souhaitons de pouvoir nous rallier l’an prochain, sans toutefois connaître la destination à venir. Sera-ce Lusignan et André Léo ? La Corrèze et Clair Vivre ? Ou l’Italie ? Ou la Sicile ? Le choix reste ouvert, et il n’est que temps d’écouter l’autre rapport, celui des indispensables finances, toujours aussi saines et sainement gérées par notre historique et fidèle trésorier, vous aurez reconnu Daniel Pouilly.
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Rencontre avec Bernard DANDOIS |
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